Le commencement. Deux heures s'étaient écoulées depuis le début du jeu. Certains avaient déjà eu le temps de se poser dans une bonne cachette, guettant l'ennemi dans un long silence. D'autres s'étaient déjà fais des alliés, et puis plus rare, un ou deux lycéens avaient sûrement déjà tué. Mais Vega, lui, n'avait pas encore commencé son exploration de l'île, on peut dire qu'il prend son temps.. le calme avant la tempête, comme on dit.
Vega déploya sa carte, il la survola du regard, et la rangea dans son sac à dos une dizaine de secondes plus tard. Il se dirigea à l'instinct vers la forêt, il allait essayer de s'y retrouver malgré la grandeur et la densité de celle-ci. Le jeune meurtrier ne prit pas son temps. Non pas par peur mais juste par motivation, Vega pressa le pas, bien décidé à prendre le moins de temps possible. A vrai dire, il n'avait pas vraiment de but précis, mis à part croiser quelqu'un bien évidemment. Il n'est pas du genre à se chercher un nid bien au chaud pour se protéger et pour se cacher, mais bien à être le renard qui attaque sauvagement les poules en les soulevant dans leur basse-cour ( admirez la métaphore ! ).
Durant tout le trajet, Vega n'avait qu'un seul moyen pour se distraire. Il s'amusait à déployer ses bras tel un oiseau volant dans le ciel, tout en griffant l'écorces des arbres avec ses griffes. C'est ainsi qu'il laissa sa trace, comme le Petit Poucet, tout le long de son chemin. Les trois griffes étaient désormais son symbole. Si quelqu'un voulait sa peau, il fallait juste suivre la direction qu'indiquait ses marques. Preuve que Vega n'avait pas la moindre crainte de l'ennemi. S'il se faisait attaquer, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, mais il était bien trop confiant en soi-même pour imaginer une seule seconde se retrouver en difficulté face à un quelconque adversaire. Il est vrai que, sans vanter ses mérites, il est un très bon combattant, bien d'avantage au corps à corps qu'à longue distance. Ses aptitudes physiques étaient parfaitement adaptées à son arme. Il ne lui suffit que d'une petite esquive et il peut décocher un coup de griffes mortel. Il n'a pas l'habitude d'hésiter face à ses proies pour faire jaillir leur sang au sol.
Le chemin était long. Trop long. Le garçon commençait à avoir sérieusement mal à la plante voutaire. Il voulait arriver le plus vite possible à destination, mais il lui fallait faire une pause, ne serait-ce que quelques petites minutes, pour apaiser ces horribles douleurs. En plus d'une demie-heure, il avait traversé un gros morceau de la forêt. Au fur et à mesure qu'il avançait entre les arbres, la douleur s'amenuisait, à un moment, il fut prit d'une petite folie, et se mit à sautiller comme un kangourou, et se balança même de branche en branche... Drôle d'assassin, me direz-vous... Quelques kilomètres plus tard, il décida qu'il était arrivé à destination. Il trouva un arbre robuste et se posa sur la branche la moins haute et colla son dos contre le tronc. Au loin, il entendit quelques craquement de feuilles sèches, et des bruits d'agitement de buissons. En effet, Vega possède une ouïe très fine, très performante, capable de repérer quelqu'un à une très longue distance. Il ferma les yeux pour mieux se concentrer et attendit que la personne se rapproche. A une distance respectable, il haussa le ton :
« Qui es-tu donc ? Tiens-tu si peu que ça à ta vie pour me suivre.. jeune sot ? »